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Confirmation de son talent, Akwaba, le nouvel album de la rappeuse suisse KT Gorique, est un disque imposant, qui ne laisse que peu de place à la respiration.

© KT Gorique – Facebook

Dans le paysage francophone, les rappeuses sont peu nombreuses et rarement misent en avant. La France oublie parfois que les Suisses maîtrisent aussi la langue de Molière, et leur pays n’est pas en reste en terme de rap. Vous avez peut-être entendu KT Gorique dans l’émission Rentre Dans Le Cercle, ou dans son récent morceau réunissant 19 autres rappeuses à travers le monde. Aux côtés d’homologues féminines comme La Gale, la Suisse KT Gorique est l’une des principales représentantes rap de son pays. Championne du monde du concours hip-hop End Of The Week en 2012, elle publie son premier album, Tentative De Survie en 2016 et, depuis, elle ne s’est pas arrêtée. Une mixtape, Ora, l’année suivante, un EP, Kunta Kita en 2018 et, enfin, un second album qui rassemble ses expériences, en guise de bienvenue dans son univers : Akwaba.

La rage au ventre

Si vous aimez le rap doux, chantant, qui fait danser… vous n’êtes pas au bon endroit. KT Gorique est une adepte de l’approche originelle du rap, elle attaque du micro sur tout l’album. Elle débite ses paroles de manière impactante, pour que chacune de ses rimes soit efficace. Au-delà de la forme qui frappe l’auditeur, la rappeuse montre, à de nombreuses reprises, une férocité. Sur la plupart des titres, des phrases se révèlent de l’ordre de la colère : « C’est chaud comme si de ma bouche sortait du napalm » sur Dieu Merci ou encore « Puissante au combat, respectée comme LaGuerta » sur Pensée. Des paroles qui montrent toute sa rage, encore plus présente sur le titre Ca M’énerve. Cependant, cette rage n’est pas aveugle. Elle la met au service de ses propos qui défendent les femmes corps et âme : « Mes ovaires sont sur la ble-ta ils imposent plus que ton beretta » sur Time Come ou bien « Mon utérus une prison c’est ce qu’ils veulent faire croire, j’donne plus d’interview allez vous branler autre part » sur Real Badman. Là aussi, ce combat est distillé sur le disque, mais en particulier sur le titre féministe Walou. Une lutte que la rappeuse pose sur une musique aux multiples inspirations.

Influences

Comme dans la majorité des disques de rap, les productions de Akwaba sont essentiellement produites sur ordinateur. Seulement, KT Gorique aime aussi les vrais instruments. Si des guitares électriques peuvent s’entendre sur certains titres, elle a surtout rappelé ses racines en intégrant, à de nombreuses reprises, des percussions africaines. En dehors des productions rap, elle a aussi voulu proposer des influences reggaes. Quelques compositions s’inspirent de ce style, et l’utilisation du mot « Babylon », véritable gimmick du reggae, ainsi que les featurings avec Volodia, Taïro ou Soom T, tous représentants du genre, appuient cette trajectoire. Hormis le morceau Switch qui est chanté, et plusieurs interludes avec l’humoriste Shirley Souagnon, ce sont ces inspirations et collaborations reggaes qui permettent de ralentir le flux constant difficile à recevoir présent dans le disque.

Les extraits publiés avant l’album ne mentaient pas sur la marchandise, Akwaba est un disque puissant. KT Gorique laisse peu de temps de respiration et enchaîne les coups pour proposer un projet particulièrement percutant.

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Rédacteur culture

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !