Dossiers

Enfants Terribles

Le groupe de rap toulousain Droogz Brigade a sorti le 2 juin, d’abord sur Youtube puis sur les plateformes de streaming, la mixtape Terreurs de jeunesse. Composée de maquettes et d’inédits enregistrés depuis le début des années 2000, cette compilation de 44 titres vient satisfaire les fans du groupe en manque de nouveautés.

© Droogz Brigade – Facebook

Dans la ville de Toulouse, il y a la candeur de Bigflo et Oli, et un autre groupe, aux antipodes du duo le plus connu de la ville. Porté par Al’tarba, l’un des beatmakers les plus importants du hip-hop underground hexagonal, Droogz Brigade fait parti des rares groupes de rap à avoir toujours gardé la même ligne directrice, sans se tourner vers une formule plus actuelle ou plus pop. Avec un premier EP, Dissection, sorti en 2008 puis seulement 8 ans plus tard un premier et unique album, Projet Ludovico, ils ne montrent pas une grande productivité. La même veine parcourt ces deux disques, reconnus pour leurs compositions, et la violence de leurs textes. Seulement durant toutes ces années, ils produisaient tout de même des morceaux. La mixtape Terreurs de jeunesse témoigne de leur (travail) et de leur écriture torturée présente depuis le commencement.

Violence

Ce qui différencie la Droogz Brigade des autres groupes de rap, c’est le vocabulaire et la haine générale qui ressortent de leurs textes. Si vous pensiez que les rappeurs mainstream étaient vulgaires, vous ne connaissiez pas les tréfonds de ce style musical. Les quatre membres du groupe enchaînent les rimes percutantes avec violence, brutalité et rage. Dans chacun de leurs textes, on peut y entendre des références au sang, à la souffrance ou encore la scatophilie : « un étronc se loge dans la tronche de l’homme », « j‘crois qu’jvoudrais voir la race humaine morte », « sans illusion sur l’avenir comme le fœtus d’une morte ». Les textes débordent de joyeusetés pour faire passer des messages de la façon la plus percutante possible. Pour leur donner encore plus d’impact, ces rimes sanglantes sont appuyées par des boucles tortueuses de clavecin ou de choeurs d’enfants, produites par Al’tarba. Tout un univers horrifique mais maîtrisé qui s’est développé avec les années.

A lire  La musculation : deux poids, deux mesures

Vieux pots, même soupe

Avec un premier son enregistré en 2003 et un dernier en 2017, les 44 titres de Terreurs de Jeunesse ont le mérite d’être dans une ligne directrice relativement semblable à travers les âges. Hormis une qualité d’enregistrement forcément plus pauvre sur les sons plus anciens, les thèmes abordés et références sont souvent similaires et les rimes sanguinolentes parsèment le disque. En revanche, on peut sentir qu’à travers les années, les productions d’Al’tarba se sont développées pour devenir plus riches. La qualité des textes de chacun a, elle aussi, évoluée, tout comme leur façon de poser et de traiter les thèmes. Le disque est long et difficilement assimilable en une seule écoute, mais il propose les fondements de ce que le groupe a toujours véhiculé.

Avec Terreurs de jeunesse, la Droogz Brigade montre qu’elle a toujours pris le même chemin et que ses membres sont restés productifs malgré le nombre restreint de sorties en près de 20 ans. Si la qualité des titres est inégale, due entre autre, à leur âge, nombreux sont ceux qui démontrent leur efficacité de production et d’écriture.

circle-cropped (9)

Rédacteur culture

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !