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Guide du voyageur éco-numérique

En novembre 2019, l’Agence de l’Environnement (ADEME) a publié le guide pratique « Réduire les impacts du numérique sur l’environnement ». Depuis une dizaine d’années, les chercheurs alertent sur la pollution environnementale que génère Internet. Comment être un éco-internaute quand le mail, le drive et la visioconférence sont devenus incontournables ? Suivez le guide.

Consommer, c’est polluer. Environ 85 % des émissions de gaz à effet de serre anthropiques (issus de l’Homme) proviennent du secteur de l’énergie. Or, le numérique est extrêmement gourmand en énergie. À cela, s’ajoutent les multiples pollutions issues des processus de fabrication et de recyclage. Comme nous l’avons fait pour les transports et les emballages, il suffit de changer nos habitudes de consommation pour tendre vers un usage raisonné. Cela peut se faire par de petits gestes : éteindre les multiprises, débrancher les chargeurs, couper les boxes, désactiver wifi et Bluetooth. Voici les cinq commandements du voyageur éco-numérique :

Ta boîte mail tu trieras

La tâche nécessite un peu de temps, mais une fois les vieux messages supprimés et la corbeille vidée, vous n’aurez plus qu’à vous débarrasser des mails inutiles au fur et à mesure. Les mails ne sont pas si immatériels que cela. Leur conservation nécessite l’utilisation et l’entretien de serveurs de stockage.

Data center de Google, à l’extérieur © Techstagram

Data center de Google, à l'intérieur © Techstagram Data center de Google, à l’intérieur © Techstagram

Serveurs qui consomment environ 10 TWh/an. Plus que ce que produit une centrale nucléaire en un an (7TWh). Tout cela seulement pour la France. L’objectif est donc d’alléger tout envoi : préférez la messagerie instantanée au mail, compressez les pièces jointes, épurez les logos…

Le rapport de The Shift Project s’adresse aux entreprises, mais leurs recommandations sont applicables par tous. Il préconise entre autres de se tourner vers les plateformes de partage (GoogleDrive, Dropbox etc) pour éviter les mails.

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Des vidéos, tu n’abuseras point

C’est peu dire, car, malheureusement, il s’agit de limiter tout le streaming. Vidéos en ligne, mais aussi films, séries, podcasts, Skype… Il n’est pas question de s’en priver à tout prix, mais d’en faire un usage raisonné : ai-je réellement besoin de regarder pour la 36e fois cette vidéo de chat ratant la marche ou cette partie de cache-cache dans un Castorama ? S’agissant des visioconférences, comme pour les mails, plus un échange est lourd de données, plus les besoins en énergie et matériel puissant sont importants. Aussi, le flux de données audio consomme 1 000 fois moins de bande passante que le flux vidéo. En 2019, la vidéo en ligne, streaming inclut, a généré plus de 60 % des flux de données dans le monde. Cela représente plus de 300 millions de tonnes (MT) de CO2 par an, soit la quantité absorbée pas nos océans en 12 ans (25MT/an).

De ton matériel, grand soin tu prendras

Dans leur rapport « pour une sobriété numérique », le laboratoire d’idée The Shift Project préconise d’acheter du matériel moins puissant et le changer le moins possible. Une alternative peut être d’acheter un smartphone unique et adapté à l’usage que vous en faites, et un seul écran, assez puissant pour englober les usages habituellement couverts par plusieurs autres (tablette, TV etc.). Retenez que plus c’est petit, plus le recyclage est polluant, du fait de la difficulté à séparer les micro-composants. Les périphériques sont truffés de composants miniatures, or, si nous ne pouvons pas agir sur leur production, nous pouvons en limiter la consommation et le recyclage. De plus en plus de sites proposent d’acheter du matériel reconditionné, les repair-cafés numériques poussent comme des champignons dans les agglomérations… mais le mieux reste de prendre soin de ces petits bijoux de technologie qu’on serait bien incapable de fabriquer. La construction d’un smartphone dépassant de loin la complexité d’un Lego.

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Tes sites favoris, tu enregistreras

On divise par quatre les émissions de gaz à effet de serre en allant directement à l’adresse du site. Une bonne raison pour enregistrer les URL sur lesquels nous nous rendons régulièrement. Ce qui pollue, c’est le fonctionnement du moteur de recherche, donc en cas de passage obligé par la case Google (ou Qwant), soyez le plus précis possible afin de réduire le temps de recherche et le nombre de pages consultées. D’ailleurs, pensez à fermer les pages au fur et à mesure pour éviter qu’elles ne se réactualisent inutilement. Pas facile, quand on sait que certains moteurs de recherches comme Edge (Microsoft) récompense ses utilisateurs les plus assidus.

Circuit d’une requête web © – Canva

À ta voiture, tu penseras

Nous avons fini par intégrer qu’une voiture polluait à sa conception, à chaque utilisation, et à la fin de son cycle de vie (processus de recyclage ou déchets). Malheureusement, la pollution d’Internet n’est pas directement visible. Or, il est grand temps de prendre conscience que l’utilisation de cet outil pourtant immatériel, a un impact bien réel sur l’environnement. Alors pensons mustang ou coccinelle : on ne laisse pas le moteur allumé, on ferme les fenêtres (question d’aérodynamisme), on allège le véhicule en commençant par la boîte à gant…

Internet, c’est comme une voiture ©  - Canva Internet, c’est comme une voiture © – Canva

Personne ne peut nier qu’Internet et le numérique ont grandement amélioré nos vies : partage d’informations, communications instantanées, etc. Seulement, pour que vie il y ait encore durablement, il est grand temps de changer de pratiques. Le numérique pollue : n’en abusons pas, c’est ce que prouvent les études. En suivant ce guide du voyageur éco-numérique, peut-être trouverez-vous la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et le reste…

Sources: ADEME, The Shift Project « Pour une sobriété numérique », RTE, EDF, Consoglobe, Greenpeace, Ministère de l’environnement, Cisco.

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Rédactrice

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !