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L’interview Mise À Jour de : VAGUES

Le groupe de shoegaze lyonnais VAGUES a sorti le 23 octobre, leur second EP Aux Portes De La Nuit. Après trois ans de tournée et de recherche musicales, ils reviennent plus inspirés que jamais avec un disque aux teintes sombres mais éclatantes. Sorti avec des mois de retard, à une semaine du reconfinement, le chanteur s’est confié à MAJ sur la conception du disque et ce qui nous attend pour la suite.

@AurelienMariat – VAGUES

 

“Vous avez sorti votre second EP le 23 octobre, Aux Portes De La Nuit, comment vous sentez vous dans ce contexte particulier de reconfinement soudain ?

Aucun membre du groupe ne l’avait vu venir ! En fait, l’EP aurait du sortir en avril et enchaîner sur une tournée, mais elle a été annulée. Nous avons alors pensé à le repousser en automne pour potentiellement pouvoir refaire une tournée. Malheureusement, la crise a compliqué les choses. Comme le public avait une certaine attente pour le disque, nous avons décidé de le sortir tout en sachant qu’il serait difficile de faire des concerts. En revanche globalement les retours sont positifs donc c’est une vraie satisfaction !

Vous vous étiez mis en tête que vous ne pourriez pas faire de concert tout de suite ?

À vrai dire, il devait y avoir au moins une release party, qui était prévue pour le 30 octobre, mais elle a été annulée. Donc même si chacun d’entre nous s’attendait à ne pas pouvoir faire beaucoup de dates, la déception est quand même là. Nous attendrons pour pouvoir en refaire, en espérant que ce sera rapidement.

Le premier EP Depuis les Toits est sorti en 2017, pourquoi avoir fait une pause aussi longue ?

 

Il n’y a pas vraiment d’explications claires, c’est un ensemble de circonstances. D’abord, il y a eu une longue période de concerts, en Auvergne Rhône-Alpes et partout en France. Ça nous a pris pas mal de temps et au-delà de ça, le groupe a mis du temps à composer de nouveaux morceaux. Nous avions déjà deux morceaux (les deux derniers) qui ont été beaucoup modifiés et ensuite, il y a eu beaucoup de tests avec quelques titres finalement rejetés. L’idée, c’était de se laisser du temps pour expérimenter et voir où mener notre style.

@VAGUES – Aux Portes De La Nuit

(Vous êtes revenus avec un projet assez similaire, pochette sobre, 5 titres de longueurs plutôt différentes, c’était voulu cette cohérence ?

 

C’était complètement voulu. Pour nous, le premier EP était beaucoup plus fragile, plus spontané. Là c’est une version plus mature de ce que nous voulions faire, plus aboutie, avec des sonorités plus recherchées, une production plus léchée. Pour nous l’objectif c’était de faire un premier et deuxième chapitre et qu’ils se répondent l’un l’autre.

 

Le disque a un côté live très prononcé, dans le traitement du son, la batterie assez libre, pourquoi avoir choisi de le rendre comme ça ?

 

Les ingénieurs du son avec qui VAGUES travaille en studio sont les mêmes qui nous suivent en live. Ils savent comment doit sonner notre musique en concert, comment ça a pu marcher sur nos différentes dates. Ils ont voulu s’inspirer de ça pour le traitement du son de l’EP. Autrement, l’écriture même de notre musique est pensée et taillée pour les concerts. C’est un peu ce qui définit notre identité sonore. 

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Il y a un vrai travail de traitement de la voix, parfois il y  a des voix qui hurlent en fond, parfois l’impression que vous interpellez directement l’auditeur, c’était aussi pour accentuer le côté live ?

 

Carrément ! Le groupe vient de deux styles, le shoegaze et le post-rock, qui ne se focalisent pas vraiment sur la voix. Elle est souvent noyée ou même inexistante. C’était délicat pour nous de refaire sortir cette voix sachant que les textes sont en français, et que la musique derrière prend beaucoup de place.
Comme chaque morceau a un peu sa propre ambiance nous avons travaillé la voix en fonction du morceau. Par exemple sur Le Velours Du Soir, c’est presque du slam, donc l’objectif, c’était que la voix soit très proche, à l’avant, avec un côté proximité.

 

Ce côté interpellation, particulièrement présent sur le dernier titre, fait pas mal écho à l’ambiance relativement pessimiste du disque. Est ce que cette ambiance a un lien avec l’actualité ou ça avait été fait avant et ça colle juste parfaitement ?

 

La Tempête, a été écrit entre 2016 et 2017. J’ai toujours été sensible aux changements climatiques, au côté autodestructeur de l’humanité, la collapsologie, l’homme qui tue la planète à petit feu. Ça m’a vraiment marqué dans ma vie depuis quelques années. Pour ce titre en particulier il n’y avait qu’une partie de la musique composée quand j’ai écrit le texte. Je l’ai laissé en boucle en fond sonore chez moi et j’ai mis des mots avec cette idée en tête de “c’est trop tard”. Le texte n’a quasiment pas été retouché pour garder le côté brut et spontané du moment.
Donc forcément, ce qui allait se passer en 2020 avec le virus n’était pas du tout anticipé, mais finalement effectivement ça colle plutôt bien avec l’ambiance de notre époque et le côté fataliste de l’humain qui dégénère et s’autodétruit par gourmandise. J’espère juste que ça ne déprimera pas trop les gens.

 

Est-ce que le groupe est pessimiste dans la vie ?

 

Un peu quand même. Les membres ont tous des tempérament assez jovial, quand nous sommes ensemble, difficile d’avoir des conversations sérieuses. En revanche globalement, comme beaucoup d’artistes, au fond de nous, chacun est un peu”dépressifs”. VAGUES partage une vision un peu sombre de la vie, qui est assumé dans notre musique, parce que pour nous ça permet de faire taire nos angoisses et tourments. 

 

La suite, c’est un album, un EP ou vous êtes encore en pleine réflexion ?

Pour l’instant c’est assez flou, nous ne savons pas forcément où aller. Ce qui est sûr, c’est que nous ne referont pas la même chose. Je pense que le groupe n’est pas encore prêt pour un album, il faut encore trouver une identité, un label…
L’idée serait plutôt, soit continuer avec un EP, soit expérimenter et sortir des singles seuls peut être, pour avoir de l’actualité en continue et pour avancer dans notre recherche d’identité.

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@AurelienMariat – VAGUES

Mise à jour

 

Un morceau que vous adorez, mais qui a mal vieilli, et qui mériterait une MAJ .

 

C’est paradoxal parce que je pourrais dire The Cure. C’est super kitch avec les synthés new wave des années 80, c’est super codifié. Peut-être que ça mériterait une mise à jour, mais en même temps, ce côté kitch est attachant et fait partie de l’identité des titres.

 

D’après vous quel.le artiste dans sa carrière a fait la meilleure mise à jour ?

 

J’ai deux idées complètement différentes.
Je dirais déjà Gainsbourg, parce qu’il a su s’adapter à l’air du temps à chaque fois, chaque album c’est une mise à jour de son propre style. Il a eu ses périodes chansons, jazz, plus rock, plus reggae, il a touché à tout et il s’adaptait à chaque fois à l’air du temps en gardant sa patte.

Sinon un groupe qui nous tient particulièrement à coeur dans le groupe : Slowdive. C’est un groupe de shoegaze anglais des années 90, leurs albums se sont fait ruiner par la presse, donc ils ont arrêté. Vingt ans plus tard, ils sont revenus comme des fleurs, en 2017, en publiant un album qui, d’après moi, est une magnifique mise à jour de leur musique.
Ils ont repris les éléments qui faisaient leur charme dans les années 90 tout en remettant ça au goût du jour. C’est vraiment un retour en force.
Pour nous, c’est une grosse inspiration, même si ça ne s’entend pas forcément énormément, c’est un des groupe qui nous a donné envie de faire cette musique-là.

 

Si vous deviez faire la mise à jour d’un élément dans votre musique/carrière, ce serait quoi ?

 

Peut-être l’ajout d’un synthé. C’est quelque chose que notre groupe pense en ce moment. Ça pourrait même remplacer la basse. Je pense que ce sera ça notre mise à jour, pour ajouter un côté plus électronique et plus moderne. Toujours pour creuser ce sillon d’une musique planante. 

 

Si vous deviez faire la mise à jour d’une chose dans la vie, ce serait quoi ?

 

Il y aurait tellement de choses à changer ! C’est dur parce que je parlerais bien du respect des animaux, mais c’est un combat qui me concerne surtout moi et pas forcément le groupe. Peut-être, égoïstement, je dirais : que ce soit plus facile de vivre de sa passion, la musique et des projets artistiques en général. C’est vraiment difficile pour les artistes émergents de se développer, il y a énormément de contraintes. Même en s’y employant ardemment il n’y a aucune garantie de résultat. C’est frustrant de voir cette difficulté pour vivre pleinement de notre passion, alors que le monde serait tellement plus efficace si chacun pouvait se consacrer pleinement à ce qu’il aime.”

 

 

https://vaguesfr.bandcamp.com/

https://www.deezer.com/fr/artist/13342785

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !