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Menstruations : Paie ton tampon

Combien de tampons une femme va-t-elle acheter au cours d’une vie ? Combien de temps met un tampon pour se décomposer dans la nature ? De quoi une serviette est-elle composée ? Vous vous posez des questions, voici les réponses.

© Gabrielle Rocha Rios – Unsplash

Une femme est menstruée autour de 11 ans en moyenne et ce, jusqu’à la ménopause. Avec un cycle d’environ 28 jours, elle aura plus ou moins 500 fois ses règles au cours de sa vie. Une femme utilise en moyenne 11 000 tampons jetables ou serviettes hygiéniques au cours de son existence. D’après le compteur de statistique planetoscope, à l’échelle mondiale, cela représente 1447 serviettes hygiéniques chaque seconde, soit une consommation de 45 milliards par an. 

Le livre Flow : The Cultural History Of Menstruation estime : « qu’une femme jette en moyenne à la poubelle, et dans sa vie, entre 100 et 150 kg de serviettes, tampons et applicateurs. » Pour prendre du recul : selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et la Maîtrise de l’Énergie), en France, un citoyen jette environ 360 kg de déchets par an. Les protections hygiéniques représentent alors 0,5% des déchets. 

En plus d’avoir un poids économique, les protections hygiéniques ont aussi un coût environnemental. Sur le site consoglobe, on peut lire qu’une serviette ou un tampon met entre 400 et 450 ans pour se détériorer dans la nature. Autant de temps qu’un sachet plastique ou une boîte d’aluminium. Rien d’étonnant, puisque l’applicateur du tampon et l’emballage de la serviette sont en plastique. Même nos tampons et nos serviettes sont composés de plastique.

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Anatomie d’une serviette

Les serviettes telles qu’on les connaît ne sont pas si vieilles que cela. Les premières protections jetables apparaissent en 1800 aux Etat-Unis. A l’époque, elles coûtent très chères, et les règles étant un tabou, les femmes ont honte d’en acheter. Les serviettes avec un rembourrage en plastique et une bande adhésive ne datent que des années 1960. Et pour celles très fines à rabats, elles n’arrivent en rayon qu’en 1990. Accueillies comme les grandes sauveuses de ces dames, la question de leur composition ne se pose pas. D’ailleurs, il n’existe pas de réglementation spécifique en ce qui concerne la composition, la fabrication ou l’utilisation des produits des protections intimes. La composition exacte reste donc inconnue.

© Always, anatomie d’une serviette

Les produits intimes jetables sont principalement composés de soie artificielle, de plastiques, de fibres de bois ou de coton. Certaines peuvent contenir du parfum ou des colorants.

Scandale ! En 2018, la dissection d’une serviette, par l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, révèle la présence de chlore. Il est utilisé pour le blanchiment du produit. Ce chlore purement esthétique, réagit avec la viscose (soie artificielle) composant les produits, et entraîne la formation d’une substance toxique : la dioxine. Pour se faire une idée : la dioxine se forme lors de la combustion d’énergie fossile. Cette substance peut induire des soucis de procréation, des problèmes sur le système immunitaire et une altération du système hormonal. La dioxine est aussi cancérigène, d’après l’OMS. Lorsqu’on fait un tour sur les forums féminins, on voit d’ailleurs que les irritations vulvaires ou les mycoses sont plus fréquentes en période de menstruations. Une toxine qui n’est pas sans risque, et qui peut aussi avoir un lien avec le syndrome du choc toxique.

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En Europe, les autorités sanitaires ont déclaré inacceptable toute présence de dioxines. Les industriels de produit hygiénique féminin se défendent en déclarant que le taux de dioxine est si bas qu’il est presque indétectable. Une défense qui ne passe pas auprès de nombreuses femmes, qui décident de se tourner vers des protections plus naturelles comme les culottes de règles lavables. 

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Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !