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Qu’est-ce que c’est que la précarité menstruelle ?

Aujourd’hui, certaines femmes doivent encore choisir entre acheter de la nourriture ou des protections hygiéniques. C’est le cas des femmes sans abri et des étudiantes par exemple. Une réalité quotidienne qui touche 1,5 million de Françaises.

© Tim Marshall –
Unsplash

Par définition, la précarité menstruelle est le manque d’accès à des protections hygiéniques par manque de moyens. Sachant que les premières règles apparaissent généralement entre 10 et 16 ans et se poursuivent jusqu’à la ménopause aux alentours de 45 à 55 ans, une femme aura en moyenne 500 fois ses règles au cours de sa vie.

Qu’est-ce que cela entraîne de ne pas pouvoir acheter de protection ?

Dans les familles les plus modestes, les jeunes filles ne peuvent pas aller à l’école lors de leurs règles. Des travailleuses précaires sont obligées d’utiliser le « système-D » avec des protections de moins bonnes qualités qu’elles gardent plus longtemps, un risque non négligeable pour leur santé. Enfin, pour les femmes SDF, il s’agit d’un problème sanitaire important.

Pourtant, deux boîtes de protections hygiéniques ce n’est pas si cher que ça : une dizaine d’euros en moyenne. Dix euros, pour la plupart des Français, ce n’est pas grand chose. Mais pour une étudiante, dix euros est l’équivalent à trois repas. Pour une mère de famille modeste, dix euros lui permettent de nourrir ses enfants. Pour une SDF, dix euros signifient pouvoir vivre un jour de plus.

Se protéger… À quel prix ?

Une association britannique, Bloody Good Period, estime à 4 800 livres, soit 5 360 euros, l’intégralité des dépenses menstruelles pour une femme au cours de sa vie. Les décodeurs du Monde ont créé une calculatrice qui vous permet de faire une  estimation de vos dépenses.

© Annika Gordon – Unsplash

Vous avez dit : Solidarité ?

Vous avez sans doute vu la pub à la télévision : Always s’engage contre la précarité menstruelle des jeunes filles. Mais plus qu’une campagne publicitaire, quelles solutions s’offrent aux femmes précaires ? 

Le 1er janvier 2016, la TVA baisse à 5,5 % sur les protections périodiques. Elles étaient, avant cela, taxées à 20 %, comme les produits de luxe. En 2018, l’Ecosse est la première à distribuer gratuitement des produits intimes aux écolières et étudiantes. En 2020, à l’occasion de la journée de la précarité menstruelle, le gouvernement français annonce la future distribution de protections périodiques gratuites pour les femmes en situation de précarité. Le projet expérimental devrait comprendre les établissements scolaires, les femmes sans-abris, les femmes dans les prisons et les hôpitaux. Un projet soutenu par Marlène Schiappa, Brune Poirson, Agnès Pannier-Runacher et Christelle Dubos dans un texte nommé : Ensemble, brisons le tabou des règles.

Les initiatives citoyennes ont déjà un coup d’avance sur le gouvernement. Des collectes et des campagnes de sensibilisation émergent. Par exemple, le collectif Ça va saigner, encourage les femmes à ne plus porter de protection hygiénique pour dénoncer leur prix : « le 15 juin, on tâche tout ! »  La start-up Marguerite & Cie, créé par Gaëlle le Noane, brevète un distributeur de protections hygiéniques gratuites et bio installé dans les établissements scolaires, les universités et les entreprises. Les structures louent ou achètent le distributeur équipé de 300 produits pour 55 euros. Des commerces solidaires comme les AGORAé proposent aussi des protections hygiéniques à prix réduit. Enfin, le collectif Règles Elémentaires organise régulièrement des collectes et des re-distributions de produits hygiéniques. Les actions solidaires citoyennes se multiplient pour briser le tabou des règles.

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