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Réseaux sociaux : une voix pour les victimes de violences sexuelles ?

Avec le mouvement #metoo, aux Etats-Unis, en 2017, les réseaux sociaux ont été un atout dans la liberté d’expression. Plus qu’un outil, ils ont été un exutoire pour la parole des victimes. En France, le #balancetonporc de Sandra Muller permet de briser le tabou du harcèlement sexuel. Les réseaux sociaux sont-ils devenus un lieu de dénonciation et de revendication ?

© Montage par _ TikTok, #Iwas et @Phrasesassassines

Les réseaux sociaux, au 21e siècle, sont le reflet de nos sociétés modernes. On peut autant y voir naître des débats pertinents que des commentaires haineux. Toutefois, ils permettent une visibilité aux minorités et donnent le pouvoir de parler à ceux qui ne trouvent personne pour les écouter.

TikTok entre dans la danse

Le 29 avril dernier, lors du « denim day », jour dédié aux violences sexuelles, des dizaines d’adolescents ont pris la parole face caméra sur Tik Tok. Sans floutage, visage à découvert, ils racontent leur expérience de violences sexuelles. Ils montrent les vêtements qu’ils portaient ce jour-là. Le “challenge” est, par la suite, suivi de plus d’une centaine de vidéos. L’objectif ? Libérer la parole des victimes et surtout délivrer un message : « ce que tu m’as fait, ne me définit pas. » En témoignant sans se cacher, les victimes s’encouragent mutuellement à sortir du cercle de la honte : « ce n’est pas moi qui devrait avoir honte. » Les vidéos sont postées sous trois hashtags : #DenimDay, #NomeansNo et le #DidIsayYes. Les créateurs de vidéos reviennent sur les bases du consentement. La plateforme, connue pour son contenu léger et adulée des adolescents, devient alors un lieu de dénonciation et de réconfort pour les victimes.

@brighton.short

inspired by @yung_maud . i love you. ##foryoupage ##fyp ##foryou ##neverfitin ##onecommunity ##denimday

♬ original sound – audío.bear

@imdevonwalsh

You’re worthy of respect, privacy, & consent. ##denimday

♬ original sound – audío.bear

#Iwas

Sur Twitter, une fois n’est pas coutume, un nouveau hashtag de dénonciation devient une tendance. Le #Iwas incite les personnes victimes de violences sexuelles à raconter leur histoire. Le but est de prendre la parole pour dénoncer les violences, se libérer d’un poids et surtout de se sentir soutenu par une communauté. Mais la particularité du #Iwas est qu’il demande de donner l’âge lors de l’agression. Un grand nombre d’agression sexuelle sont subies pendant l’enfance. En France, la victime a alors trente ans pour porter plainte. La Justice estime que ce délai est suffisant pour que l’enfant se rappelle de son traumatisme. Or, avec ce hashtag, les victimes souhaiteraient que les actes d’agressions sexuelles deviennent un crime imprescriptible. Alors que le #Iwas reste juste un top tweet.

Témoignages Assassins

Enfin, les réseaux sociaux sont aussi le lieu des témoignages. Sur Instagram, des comptes comme @Phrasesassassines relaient la parole des victimes. Comment ça marche ? La personne envoie son témoignage au compte. Par la suite, une phrase est mise en avant pour interpeller lorsque X scroll. Cette technique de dénonciation promet un total anonymat. Ce compte dénonce les mots en partant du principe qu’ils font autant de mal que les actes. Pire, les mots qui accompagnent les actes marquent profondément une personne. Le compte dénonce surtout les réactions de l’entourage quand une personne a le courage de mettre des mots sur son traumatisme : « ça va. Tu abuses aussi. Un mec a besoin de ça. » Cette phrase prononcée par la soeur de la victime montre la difficulté de se confier lorsqu’on subit une agression sexuelle. Peur du jugement, des questions intrusives du type : “comment étais-tu habillée ?” et surtout la honte et le sentiment de culpabilité de la victime sont nourris par ces mots.

Les réseaux sociaux deviennent des moyens de faire entendre sa voix et pouvoir raconter ses traumatismes. Les victimes trouveront une communauté pour les soutenir, et les accompagner dans leur douleur. Le revers de la médaille est là : tout le monde n’est pas bienveillant sur les réseaux. On ne peut éviter de s’exposer aux critiques et aux jugements des autres utilisateurs lorsqu’on publie du contenu en ligne.

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