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Buraliste, acteur du quotidien

Célia dirige Le Quinze, un bar-tabac de Clermont-Ferrand. En période de confinement, elle continue à assurer les ventes et la continuité des services malgré des difficultés évidentes. Un aperçu de la situation chez les buralistes en France.

© Laurent Garlaschi

Maintenir l’établissement ouvert, est-ce un choix ou une nécessité ?

Mon établissement est un bar-tabac. J’ai fermé la partie bar par obligation suite à l’annonce présidentielle du lundi 23 mars. La partie tabac a été aménagée et j’ai intégré les gestes barrière et les mesures sanitaires comme j’ai pu sans aucune consigne de l’Etat ou de notre confédération. J’ai mis en place une limitation à deux clients présents au même moment, un marquage au sol, des affiches pour inviter les gens à ne pas stagner dans le magasin. Et comme beaucoup de commerces ouverts, nous avons adapté nos horaires et incitons les clients à grouper leurs achats. Je reste ouverte par devoir, car nous restons un lien de proximité avec la population et également un collecteur d’impôts pour l’Etat. En plus du tabac, j’ai une activité de Relais Poste et cela dépanne beaucoup de clients sachant qu’en centre-ville, il n’y a actuellement que deux bureaux de poste ouverts. Pour 300.000 habitants, c’est un peu « court »…

Alors pourquoi rester ouvert dans de telles conditions ? Pour la continuité du service à nos clients et pour la pérennité de l’entreprise : si je ferme, je risque fort de ne pas pouvoir rouvrir financièrement. J’ai pu mettre ma salariée au chômage partiel et j’arrive à payer mes charges… Nous ne sommes pas les plus malheureux, mais la période va être tendue économiquement.

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© Célia – Facebook

Considérez-vous les bureaux de tabac comme essentiels et serait-ce envisageable de les fermer ?

Fermer les bureaux de tabac aujourd’hui provoquerait des drames par rapport à l’addiction… Les Vapeshops ont d’ailleurs été rajoutés à la liste des commerces autorisés mais n’ont pas rouverts ici… Heureusement, j’ai une offre très large de matériel et de liquides pour cigarettes électroniques. Nous vivons une période très anxiogène, beaucoup de gens ont augmenté leur consommation et plusieurs personnes ont déjà repris la cigarette alors qu’elles avaient arrêté. Un sevrage brutal et forcé serait tout à fait inapproprié en ce moment.

En tant qu’acteur du quotidien, je fais des impressions de cours et je donne des copies d’attestation dérogatoires si besoin : jusqu’à quatre exemplaires gratuits. La presse représente une infime partie de mon activité puisque je n’ai plus que la presse locale à ce jour : c’est malgré tout un lien essentiel pour certaines personnes isolées qui n’ont que le journal pour avoir des nouvelles et une fenêtre sur l’extérieur… Quant à la FDJ, qui représente habituellement une grosse partie de mon chiffre d’affaire, elle est en chute libre : en effet, l’achat de jeux ne peut pas être considéré comme essentiel et ne peut qu’accompagner un achat. On fait la « chasse » aux clients qui ne viennent que pour ça… Enfin, dans nos activités multiples, je fais également « banque » avec le compte Nickel et les clients ont besoin d’une continuité de services pour leurs dépôts d’espèces notamment. Nous proposons aussi des articles et accessoires comme de la papeterie, des magazines de jeux, des cartes, des téléphones ou encore du vin à emporter qui permet à nos clients de grouper plusieurs besoins lors de leurs visites.

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Quelles sont vos réticences à travailler dans de telles conditions ?

Comme d’autres métiers, nous sommes en « seconde ligne » et oubliés du gouvernement. On s’est équipés comme nous le pouvions pour nous protéger, j’ai pu acheter des gants et du gel hydroalcoolique que je laisse à disposition pour mes clients, j’ai fait faire un hygiaphone en plexiglas pour me protéger…

On prend toutes les mesures, mais on travaille chaque jour avec la peur au ventre, la peur de  ramener le virus chez nous …

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !