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Un poisson disparu refait surface

Le cœlacanthe a longtemps fait partie de l’histoire préhistorique. Disparu au même moment que les dinosaures, il y a 65 millions d’années, il n’a laissé derrière lui que quelques fossiles. Mais ça, c’était avant qu’un pêcheur remonte un de ces poissons… vivant !

Fossile de cœlacanthe exposé au Muséum d’Histoire Naturelle de Brighton (Angleterre). © les Chatfield – Flickr

Que se passe-t-il lorsqu’un animal disparu il y a 65 millions d’années réapparaît sur Terre ? Si ce scénario a déjà inspiré bon nombre de réalisateurs, il semblerait que la réalité ait bel et bien dépassé la fiction.

Il nous a fait marcher

© Laurent Ballesta – Muséum national d’histoire naturelle

Étudié en tant que fossile et considéré comme un des « chaînons manquants » de l’évolution au XIXe siècle, la redécouverte de ce poisson en 1938, dans l’Océan Indien, a suscité un véritable engouement scientifique. Au milieu du XXe siècle, il est d’ailleurs considéré comme le deuxième animal le plus étudié après l’Homme. Et pour cause : le cœlacanthe n’a que très peu évolué depuis son apparition sur Terre, il y a 400 millions d’années. Comme ses ancêtres, ce poisson est pourvu de nageoires charnues. Avec des muscles et des os solides, elles servent de base dans l’évolution puisqu’elles permettront, plus tard, aux poissons de gagner la terre ferme. Sa redécouverte est l’occasion pour les scientifiques de comprendre les mécanismes de l’évolution, mais aussi comment le poisson est parvenu à survivre et se cacher si longtemps.

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Une évolution progressive

L’adaptation des poissons à la vie terrestre s’est fait très progressivement. L’évolution a permis de développement de nouveaux caractères, représentés sur l’image par les croisements entre les lignes. Le coelacanthe est donc le premier poisson à posséder un caractère clé (en l’occurrence, ses nageoires) dans le développement de la vie terrestre.

Evolution des nageoires. © Jorge Mondéjar Fernández

Lazare fait bien les choses

C’est une histoire de la Bible qui aura inspiré les scientifiques pour décrire le phénomène. Dans le Nouveau Testament, Jésus ressuscite Lazare, alors mort depuis quatre jours. C’est pourquoi lorsqu’une espèce est redécouverte vivante sur Terre, alors qu’elle était supposée éteinte, celle-ci est qualifiée de taxon1 Lazare. C’est le cas des cœlacanthes, qui n’étaient connus que par des fossiles jusqu’à la capture d’un spécimen en 1938 en Afrique du Sud. Il est depuis l’exemple le plus évident du taxon Lazare.

1Taxon : Entité d’êtres vivants possédant un caractère commun.

The raising of Lazarus – Peter Paul Rubens (1606)

On peut éviter une extinction, mais pas quinze…

Aujourd’hui, le cœlacanthe est en danger critique d’extinction, la population du plus gros groupe étant tout juste estimée à 300 individus. Entre 1954 et 1995, les chercheurs constatent la capture d’une centaine de spécimens par des pêcheurs principalement locaux. Bien que protégé, il est victime d’un trafic : un poisson pouvant rapporter plus de 16 000 € à la fin des années 90.

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Rédacteur environnement

Rédactrice sur majmedia. Bucolique et mélodramatique… Cela fait plus de vingt piges que je vadrouille, le stylo en poche. Journaliste le jour, écrivaine la nuit, on se retrouve vite pour de nouvelles aventures !